mamimadi l'humeur hebdomadaire |
9 avril - Comment ça va ? Comment allez-vous ? Comment vas-tu ? Ça va ? Savati ? L'expression est quasi indissociable de la prise contact des gens qui se connaissent et se reconnaissent après un certain temps, voire quotidiennement. Elle suit inéluctablement les Bonjour monsieur ou les Salut toi quand elle ne les remplace pas purement et simplement. Le plus souvent, aucune réponse particulière n'est attendue. La météo est bonne ou pas, le temps va manquer pour tondre avant la pluie, une vieille douleur a réapparu signe d'un changement de temps, les huîtres du repas anniversaire de tante Amélie ont du mal à passer... Bref, ça roule plus ou moins, ça va plus ou moins cahotant, mais ça va, merci, et toi ? et vous ? Une surprise est toujours possible en réponse à l'interrogation : Bein non, ça va pas ! Ma voiture est en panne. Ma femme m'a quitté. Je me suis claqué un tendon. Tante Amélie est partie. La tuile qui sort de la routine et qui fait que non, ça ne va pas. Certain·e·s ont toujours quelques tuiles à présenter aux poseurs de questions a priori anodines mais elles ne relèvent plus alors de la surprise pour les questionneurs qui s'y sont prendre trois fois et s'en tiennent ensuite au simple Bonjour ! Il arrive quand même de temps en temps que la question soit une vraie interrogation, après une séparation d'une certaine durée par exemple, ou bien lorsque le questionneur sait qu'une tuile est déjà positionnée sur la tête du questionné. Le Comment ça va ? attend alors une vraie réponse, renseignée, explicative, argumentée. Pas de Ça va, merci ! Une demande qui vient du cœur s'inquiètera d'une la réponse évasive de routine. Pourtant, pourtant... Pourtant, lorsque la tuile est bien grosse et bien durable, la banale interrogation quotidienne devient submersive, envahissante dans le temps et dans l'espace, répétitive et étouffante. Quasi agressive. À l'insu du plein gré du gentil interrogateur bien entendu. Alors ? Alors je pense essayer habituellement (j'essaie quand j'y pense...) d'utiliser personnellement deux méthodes pour m'enquérir de la santé de quelqu'un dont je sais qu'elle est menacée. La première est le regard, simple regard interrogateur qui laisse à l'interlocuteur le choix de dire ou ne pas dire, de choisir son registre selon son humeur, sa fatigue, sa disponibilité. La deuxième consiste à lui simplifier la vie, sa vie de questionné, en déglobalisant le Comment ça va ? par toute question à réponse courte, potentiellement introductive. La nuit dernière a-t-elle été plus calme ? Ta reprise au piano, c'est pour bientôt ? L'appétit est meilleur ? Rencontre de routine à la clinique ? Il me semble alors que le tsunami devient vaguelette venant mourir gentiment sur le rivage ou incitant à embarquer dans la discussion. C'est selon... Non ? |