mamimadi l'humeur hebdomadaire |
25 septembre - Liliane On ne peut pas dire que Liliane Bettencourt nous a quittés, vu que nous n'étions pas de la famille. Même pas qu'elle a quitté notre monde, vu que nous n'étions pas du même monde. Non, elle s'est quittée toute seule, quitté son micro-cosme et ses méga-sous. La femme la plus riche du monde, égarée dans ses comptes et ses courtisans... Bizarrement, "Liliane", ça fait peuple, surtout depuis ce jour où Georges Marchais, illustre représentant auto-déclaré des masses laborieuses a convoqué le prénom de sa femme à la télé pour expliquer comment et pourquoi ils avaient "fait la valise". Astrid eût mieux convenu sans doute mais n'aurait pas bien collé avec les images d'une fin de vie mal scénarisée, les personnages douteux envahissant la scène et l'avant-scène, les cris et les rumeurs médiatiques submergeant le théâtre, des coulisses jusqu'aux balcons. La disparition de cette Liliane-là ne me pèsera pas. Pourtant, une petite lumière tout récemment accrochée à son image dans mon esprit y restera sans doute quelque temps, portée par quelques mots sortis de je ne sais quel JT : l'héritière de l'Oréal préférait le qualificatif "fortunée" plutôt que "riche". Et ça me plaît bien. La fortune, on voit à peu près à quoi ça correspond : de l'argent, des biens, des actions... Ça se mesure et ça permet de faire un classement. Mais la richesse ? Riche de quoi ? Tant de choses, réelles ou virtuelles, extérieures ou intérieures pouvant constituer la richesse d'une personne qu'une définition objective, universellement acceptable en devient impossible. Était-elle riche ? Sa fortune lui a permis de donner largement, pour la recherche médicale entre autres, mais aussi de se soustraire tout aussi largement à la contribution aux finances publiques. Elle lui donnait aussi la liberté de parole, vraie richesse à l'ère de la bien-pensance et de la crainte des retours de bâton tordus. Pour le reste, l'immense domaine des richesses intimes, son inaccessibilité fait qu'on ne peut que souhaiter qu'il ne lui ait pas trop fait défaut de son vivant et qu'elle aura su en céder quelques parts tout autour d'elle, bonnes actions sans parfum financier aucun.
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