mamimadi l'humeur hebdomadaire |
22 janvier- Éternel naufrage ? La vieillesse est un naufrage. Oui, et alors ? D'autres naufrages concernent des marins aguerris sur des embarcations pimpantes. Des organismes bien costauds se brisent sur des écueils trop agressifs ou trop sournois, des souffles s'épuisent lors de tempêtes trop violentes ou trop rapprochées, des vies sombrent lors de collisions sanitaires, affectives, professionnelles, sociétales, accidentelles ou même tout à fait improbables. Mais la vieillesse ? Le bateau a navigué, l'équipage a vécu. Les coffres et les mémoires sont plein·e·s à en frôler le désordre faute de rangements encore disponibles. L'océan n'a pas toujours été d'huile, le vent y a parfois levé des vagues, fatiguant mâture et membrures. Les visages et les peintures ont pris des rides tandis que l'envie de s'y frotter s'estompait au fil des coups de vents, des jours de pluie et des nuits trop fraîches. Les navigations sont devenues plus rares et plus sereines. Mais le naufrage ? Par temps de demoiselle les récifs restent dangereux pour les vieilles coques ; l'aléa les visite plus souvent et les marque davantage. Même les eaux du port, les eaux de sa vie, deviennent dangereuses au fil des ans et du vieillissement. Vient toujours un temps où on doit l'en retirer ou le laisser s'y engloutir. Naufrage en mer ou naufrage à terre, quelle différence ? Mais ces naufrages sont attendus et espérés plus sereins sinon moins tristes... Ces derniers mois ont vu nos médias radoter sur quelques vieillesses dont la conclusion peut, non pas vraiment occulter le naufrage, mais du moins le mettre en valeur et lui donner du sens. Johnny, Jean d'O, France Gall, Bocuse... Ces mêmes médias nous racontent régulièrement comment la science amène indubitablement notre humanité vers l'immortalité. Inexorablement pourrait-on dire, car qui pourrait avoir envie d'une vieillesse éternelle dévalorisée ? d'un éternel naufrage vide de sens ? Rectificatif, ce 22 janvier : Quel con je suis ! Mais quel con... |