mamimadi l'humeur hebdomadaire |
8 janvier- Sapiens Ça, c'est fait ! La dernière ligne de "Sapiens, une brève histoire de l'humanité"(*) est avalée, close par un épilogue en forme d'interrogation : "Un animal devenu dieu ?" J'ai lu l'ouvrage d'un trait, sans le lâcher, comme un roman dont je connaissais préalablement les grandes lignes mais dont je n'avais jamais vraiment éprouvé la réalité, enfin pas à ce point, et surtout dont j'avais hâte de connaître le dénouement, de l'imaginer plutôt puisque le Sapiens que je suis n'en a pas fini avec son histoire et que les sept milliards grouillant sur le globe devraient prolonger la leur un certain temps encore. D'où le point d'interrogation. Si on me demandait de présenter très brièvement cet ouvrage - mais par bonheur, personne ne me le demande - comment m'y prendrais-je ? Je dirais peut-être hâtivement qu'il s'agit d'un inventaire tissé et comparatif dans l'espace et dans le temps des états physiques, environnementaux, sociétaux, cognitifs, philosophiques, religieux et même relatifs au bonheur (**) d'Homo Sapiens, de l'Afrique à l'Australie, de la Chine à la Terre de feu, de l'époque où l'animal commençait à lever les yeux vers le ciel à celle de l'apprenti-dieu tombant sur la tête. Je m'explique. L'inventaire recense les états typiques, prouvés ou supposés de Sapiens d'une révolution à l'autre et d'une migration à l'autre. Les états sont liés par des interrogations, des affirmations et des hypothèses. Les liens sont étayés par des comparaisons répétées entre deux époques ou deux points du globe. Le tout dans un style facile, des chiffres ronds et parlants et des images évocatrices et génératrices d'idées, un ensemble peut-être un peu trop agréable pour ne pas susciter quelque méfiance quand même... C'est en tout cas un livre qui ne laisse pas indifférent puisqu'il nous ramène en permanence à notre époque, ce que nous sommes, ce que nous vivons et ce que notre humanité risque de vivre - ou bien à toutes les chances de vivre, selon le domaine considéré et l'intérêt qu'on lui porte - au cours des prochaines décennies, des prochains siècles. Non pas du prochain millénaire : même si mille ans sont peu de chose comparé aux 70000 années déjà parcourus par Sapiens, ils sont une éternité au regard du nombre exponentiel de changements déjà initiés et encore initiables par les activités du même Sapiens. Qui vivra verra, mais si je me félicite - sans y être pour quoi que ce soit bien sûr - d'avoir vu et vécu les révolutions médiatique et informatique avec la télévision dans mes jeunes années et l'internet ensuite, je ne suis pas mécontent d'échapper aux conséquences des révolutions biologique, bionique et robotique qui s'annoncent. Mais qui sait ? Si j'avais accès demain à l'a-mortalité (***), peut-être changerais-je d'avis ? (*) Une brève histoire de l’humanité est un livre de Yuval Noah Harari |