31 juillet - p-Commerce

       On le sait bien, sans aller jusqu'à ne pas croire systématiquement la parole d'un vendeur, il convient de l'entourer d'un voile de doute. Pendant la vente, celui-ci avait annoncé une livraison sous huit jours. Pas promis, non, juste dit comme une information à croire si on est naïf, à mettre dans son mouchoir si on est réaliste. Peut-être, peut-être pas. Il est juste possible de tenter d'évaluer le degré de sincérité du vendeur. Certitude que les choses se passeront dans les délais ? Intention de réalisation plus ou moins conditionnée aux aléas ? Vœu pieux que tout se passe bien avec allumage de cierge s'il en avait sous la main ? Ou bien connaissance plus ou moins claire que les délais ne seront pas respectés et donc mensonge ?

       Celui-ci avait l'air sympa, sérieux et compétent. Plutôt digne de confiance, donc. Las ! Dix jours ont passé sans que sœur Anne ne voit venir ni matériel ni information concernant le retard de livraison. "Frère" Jacky a donc pris son aïe-phone pour signaler l'anomalie et s'enquérir des actions que le magasin allait réaliser pour y remédier. Le pré-posé au téléphone :

"Effectivement, nous n'avons pas reçu votre commande" ;
bon, ça je le savais.
"Nous vous préviendrons dès qu'elle sera arrivée" ;
mais bien sûr, je n'en attendais pas moins.

       Pas de raison attribuée au retard, pas d'intervention annoncée, pas de nouveau délai avancé. Gros Jean comme devant, le Jacky... Il aurait pu insister, exiger, s'emporter, mais à quoi bon si le résultat en est une nouvelle approximation, voire un nouveau mensonge ?

       Une petite-fille de sœur Anne, indignée de l'attente infligée à sa grand-mère, s'est elle-même fendue téléphoniquement d'un pieux mensonge auprès du magasin, arguant d'une fictive absolue nécessité de l'objet commandé.

"Nous allons nous renseigner auprès du fabricant" ;
bien sûr, bien sûr ...

       La fin de la deuxième semaine se profilant sans signe de livraison, l'impatience de soeur Anne croissant exponentiellement au fil temps, frère Jacky reprit le bigophone pour s'entendre déclarer par une jeune voix au demeurant fort sympathique :

"Oui ? Alors là, je dois demander à mon collègue ... Il vous rappelle" ;
de rappel, point aucun signe, bien entendu ...

       De son côté, toujours aussi indignée, la petite-fille de soeur-Anne-qui-ne-voit-toujours-rien-venir s'enquiert, toujours téléphoniquement, de savoir si voir venir appartient à un futur proche :

"Nous nous sommes renseignés, votre commande est bien partie d'Allemagne" ;
Allemagne de l'Est, côté frontière polonaise, compte tenu du pire toujours possible, sinon probable ...

       Morale de la petite histoire ? Si parmi les nombreux reproches adressés au e-commerce (par internet) on peut trouver le fait qu'il déshumanise la relation acheteur-vendeur, il est possible de relever parmi les non moins nombreux reproches adressables au p-commerce (en présentiel) le fait qu'il soit finalement trop humain ...

Non, le vendeur n'a pas promis que ce beau petit scooter électrique pour PMR pourrait circuler sur notre magnifique plage turballaie !