mamimadi l'humeur hebdomadaire |
23 octobre- Écriture inclusive Un nouveau dictionnaire sera bientôt nécessaire pour faire suite à l'apparition des noms neutres, vous savez, ces noms terminés pas une extension précédée et éventuellement entourée d'un point telle que ·e·, ·ne·,·euse ou encore ·ière.
Si leur genre est inédit dans la langue française, leur prononciation le sera également. Chacun·e se prononcera "chacun et chacune", par exemple, à moins que ça ne soit "chacune et chacun", ce qui est quand même bien différent puisque la place du premier semble être une valeur ajoutée chez nous. Le sexisme inversé qui prend la main sur les cervelles françaises voudrait que la place d'honneur soit réservée à l'énoncé de la part féminine du nom neutre lorsque celui-ci est valorisant, à la part masculine dans le cas contraire. "Les travalleur·euse·s" se dira "les travailleuses et les travailleurs" alors que "les idiot·e·s" se dira "les idiots et les idiotes". Bon, je sais bien, mes exemples sont extrêmes et le doute sera permis dans de nombreux cas...
Un gros travail d'invention lexicale reste à faire puisque beaucoup de noms ne sont pas aisément neutralisables (un·e voyou·yelle ? un·e gars·ce ? un·e courreur·euse ?) Les articles correspondants, aussi neutres que les noms qu'ils précèdent, seront à inventer. Ils pourront même préciser l'ordre de prononciation souhaité par le scripteur. Ainsi "la bourgeoise et le bourgeois" pourrait s'écrire "la·e bourgeois·e" alors que l'écriture de "le bourgeois et la bourgeoise" serait "le·a bourgeois·e" Il faudra également créer les adjectifs et les participes passés neutres s'accordant à la neutralité des noms qu'ils qualifient. "L'électeur·trice matinal·e s'est levé·e très tôt", n'est-ce pas... "Patron·ne·s et salarié·e·s doivent être mobilisé·e·s aussi bien en tant que citoyen·ne·s, travailleur·euse·s ou électeur·trice·s, les secrétaires et les secrétaires, les cuisiniers et les cuisinières, les beurrières et les beurriers,..."
Ces dernières années, les problèmes liés au genre sont devenus si complexes et encombrants qu'ils se sont érigés en problématique authentique dont l'ombre semble se propager jusqu'à notre vocabulaire. Sans doute faudra-t-il bientôt créer des noms correspondants à chacune des lettres du sigle LGBTQ (2) censé recouvrir toutes les sensibilités sexuelles possibles. Créer par exemple "acteurice" pour respecter les acteurs bisexuels ou inventer l'extension floue pour ne pas vexer les valeureux militants queers (3), genre : "un* valeureu* militant*". Oui ? (1) Vous êtes impatients de vous mettre à l'écriture inclusive, je le sens bien, alors n'attendez pas les décisions de l'AFNOR, faites ALT + 0183 sur votre clavier ! (2) LGBTQ : Lesbien, Gay, Bisexuel, Transgenre ou Queer (3) Queer est un mot anglais signifiant « étrange », « peu commun », « bizarre ». |