mamimadi l'humeur hebdomadaire |
11 septembre - PGDG, un BIB ? Dès les premières pages de la biographie dont la lecture vient de m'être gentiment proposée, trois grands traits de caractère semblent expliquer tout parcours vers un prix Nobel. Nobélisé en physique en 1991, Pierre--Gilles de Gennes était bourgeois, intelligent et bosseur. Exemples extraits d'une foultitude : Bosseur : "Tandis que la rentrée approche, Pierre-Gilles s'isole dans sa chambre pour se plonger dans des livres de mathématiques et de physique". Intelligent : "Pierre-Gilles se démarque par son esprit et une grande aisance pour s'exprimer". Bourgeois : "Sa mère, constatant son engouement pour les sciences, demande conseil à Edmond Bauer, professeur de physique au Collège de France et membre de l'Académie des sciences, ancien élève de Jean Perrin et de Paul Langevin". On peut se demander si PGDG serait passé à la postérité si l'un ou l'autre de ces trois critères avait manqué. Un bourgeois intelligent mais fainéant peut réussir dans notre société, les exemples sont bien nombreux dans l'histoire (et encore actuellement, sans qu'il soit besoin de suivre mon regard), mais sans doute pas dans le domaine des sciences dites dures dont l'accès nécessite de bien se casser la tête, même quand on s'appelle Einstein. L'entregent transmis par une éducation bourgeoise et les relations utiles mises à disposition par le microcosme ne peuvent plus compenser le défaut de travail quand il s'agit d'acquérir une culture parmi les plus codées et les moins complaisantes. Un bourgeois bosseur mais un peu limité intellectuellement réussira sans doute, même dans le domaine des sciences, et même jusqu'à faire un Nobel de physique tout à fait présentable. De bonnes écoles, des filières convenables et des postes adaptés peuvent servir une obstination capable de mener de la recherche à la construction sinon à la découverte scientifique. Un bosseur intelligent sorti du peuple d'en bas réussira-t-il ? Quelques exemples nobélisés l'attestent, mais sont-ils si nombreux ? Il est tentant d'aller demander à l'ami Wiki ce qu'il en dit, non pas du degré d'intelligence ou de la quantité de travail de chaque nobélisé - deux grandeurs bien difficiles à quantifier -, mais du milieu social dans lequel ils ont été éduqués et instruits et dans lequel ils ont ensuite évolué. Deux exemples aux extrêmes parmi les nobélisés français :
Entre ces deux-là, toute la gamme et les nuances des plus ou moins branchés, plus ou moins aisés, des plus ou moins très grossièrement et subjectivement condensés ci-contre en des oui ou non tempérés par des points d'interrogation. On y voit quand même que les carrières menant au sacre suédois s'ouvrent quand même plus facilement quand les lancements sont bons et que les voies sont dégagées. Non ? |