mamimadi l'humeur hebdomadaire |
29 octobre- Entrepreneuse Entendu une pub hier : "Une femme entrepreneur est un entrepreneur comme un autre". (*) Bizarre, non ? D'abord parce qu'on s'attendrait à entendre "Une femme entrepreneuse est un entrepreneur comme un autre", au vu de l'invasion des substantifs féminisés dans le vocabulaire médiatico-politico-bienpensant. Et même, plus simplement "Une entrepreneuse est un entrepreneur comme un autre" pour éviter toute coloration pléonastique même si "une femme entrepreneuse" n'équivaut pas à "une entrepreneuse femme", toutes les femmes n'étant pas entrepreneuses alors que toutes les entrepreneuses sont des femmes (a priori et grosso modo car avec toutes les nuances actuelles de LGBTQ, on ne peut plus être aussi affirmatif). Ensuite et surtout parce qu'à trop vouloir asséner des évidences, on tape à côté du clou. Bien sûr qu'un entrepreneur est un entrepreneur, qu'il soit homme ou femme, mais clamer aussi lourdement qu'une femme peut l'être également revient à créer une différence et donc à pratiquer le sexisme qu'on prétend combattre avec ce slogan. Enfin, On peut s'interroger sur la raison du non-emploi de "entrepreneuse". En aurait-on peur ? Craindrait-on la démarque supposée associée ? "Entrepreneur" serait-il si valorisant au masculin qu'y faire accéder les femmes en devienne un but ? Le non-dit caché derrière le mot non utilisé pourrait laisser penser à la valorisation du masculin par rapport au féminin. Alors, qu'eût-il fallu dire qui ne déplût point tant ? a) Si les substantifs neutres avaient cours dans notre belle langue : "Une femme entrepreneuse est autant entrepreneur qu'un homme entrepreneur" où le féminin et le masculin encadrent le neutre du métier et qui peut être simplifié en "Une entrepreneuse est autant entrepreneur qu'un entrepreneur". b) Le neutre dans notre vocabulaire n'existant malheureusement pas davantage que le juste milieu dans les affaires humaines : "Une femme entrepreneur est autant entrepreneur qu'un homme entrepreneur" où "entrepreneur" est le nom masculin du métier pratiqué par l'une et l'autre. c) L'absence de juste milieu étant parfois compensée par le bon sens, sans doute eut-on préféré tout bonnement ne pas entendre cette ânerie, mais les coups de pied de l'âne provoquent parfois des réveils salutaires. Non ? (*) Impossible au légaliste respectueux des règles d'aller contre l'avis du petit Larousse qui ignore l'écriture de l'iconoclaste "entrepreneure"... |