mamimadi l'humeur hebdomadaire |
23 juillet - Palliatif La fin de vie d'un proche - très proche - est source de douleurs. Épreuve affective bien sûr, mais aussi casse-tête intellectuel et moral. Si la première se passe de commentaires, le second mérite un développement à la façon des problématiques philosophiques proposées chaque année à nos candidats bacheliers. Le premier casse-tête est lié à la révélation, l'annonce que le temps est désormais compté. Et compté court, d'une façon qui ne permette pas l'échappatoire du "Oui, il faut bien y passer un jour...". L'annonce peut ne pas être supportée, il faut bien peser les pour et les contre, choisir les mots en fonction de leur compréhension pré-estimée, les corriger, les arrondir ou les affermir en fonction de leur réception. Elle peut être aussi totalement niée, le besoin viscéral de fermer les yeux sur la situation étant renforcé par l'incapacité mentale à la comprendre, deux critères sans doute fréquents lorsque le très grand âge est arrivé. Le deuxième remue-méninges bat son plein lorsque des choix doivent être faits, choix de soins, d'hospitalisation, de timing. Des choix qui doivent tenir compte de la santé, de la douleur, du confort de vie et de l'espérance qu'on en a encore. Mais aussi de la volonté d'un proche dont on présuppose pourtant qu'il ne maîtrise pas son propre problème. Il faut dire que ces choix-là sont souvent zappés par le corps médical qui présuppose, lui, que ni le malade ni l'entourage proche ne sauraient décider mieux qu'eux. Un troisième casse-tête est surtout moral. Agir pour ce qu'on croit être le bien de quelqu'un, contre sa volonté, est quand même une violence faite à autrui. L'enfermement en centre de soins palliatifs alors que la personne en fin de vie veut la poursuivre ou la finir chez elle semble être le paroxysme de cette violence. Abus de droits imposés par le devoir d'assistance ? Certains se libèrent aisément de cette charge d'assistance sur les seuls organismes d'assistance : médecins et infirmières sont les spécialistes de la situation, laissons-les faire et tout sera, sinon bien, du moins au mieux, et en tout cas réglementaire. Le risque de choix postérieurement critiquables est écarté et la bonne conscience est préservée. Pas certain pourtant que ceux-là qui évacuent ainsi ces casse-tête d'accompagnement de leur proche n'évacuent pas avec l'eau du même bain l'empathie douloureuse entourant naturellement ces moments-là. Peut-être la conservent-ils s'ils la pensent réglementaire ? |