mamimadi l'humeur hebdomadaire |
15 octobre- Horribilis 2018, an(n)us horribilis, trou du cul des années pour ceux chez qui la maladie et le deuil se sont invités. Belle année pour les autres, ceux qui sont restés installés dans leur train-train et qui en sont satisfaits, ceux qui se sont aventurés dans des vies nouvelles et qui en sont ravis, ceux qui ont profité d'une extraordinairement longue belle saison et veulent ignorer ses causes potentiellement catastrophiques, tous les autres, hormis les grincheux, les bien-portants malades de leur inévitable vieillissement, les allergiques à l'impôt pourtant marque extérieure de richesse, les cow-boys du bonheur dérangés par le malheur des autres, les envieux aux regards braqués vers le haut et les oublieux aux regards détournés du bas. Oui, 2018, année horrible pour certains. On peut se demander pourtant si qualifier ainsi un temps de vie ne revient pas un peu à se ranger du côté des grincheux. Un océan de malheur n'est jamais posé uniquement sur des fonds de vase ou de rocs. Le sable doré capable de luire au soleil lorsque l'océan se retire existe forcément quelque part, plus ou moins étendu, plus ou moins discernable dans l'environnement hostile. Récemment, une femme (*) parlant de son livre relatif au suicide de son frère, affirmait avoir voulu et pu être à la fois triste et joyeuse dans les temps qui ont suivi l'effondrement initial. Ou, plus précisément, avoir souhaité vivre une tristesse heureuse, un triste bonheur. "Inventer une manière joyeuse d'être triste", a-t-elle dit. Sans doute parce qu'il le faut bien, sauf à accepter la destruction, mais surtout, plus positivement, parce que la vie est une construction et qu'il faut bien aller chercher le sable qui y est nécessaire, même s'il s'est raréfié. (*) Olivia de Lamberterie, Avec toutes mes sympathies, ONPC du 7/10/2018
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