mamimadi l'humeur hebdomadaire |
17 décembre - Des notes et des mots On peut trouver de nombreux ponts entre musique et littérature, leur trouver des points communs, y créer des images parallèles. Musique et littérature ont généralement leurs supports de papier, partitions ou livres, pages noircies de portées ou de phrases. Les syllabes de l'un sont les notes de l'autre, plus ou moins douces, plus ou moins longues, articulées, diphtonguées, graves, aiguës, criardes ou chuchotées. Mais si la phrase musicale est évidente sur la partition, la musique de la phrase se laisse chercher dans l'œuvre littéraire. On oublie généralement le bénéfice de la lecture à voix haute qui concrétise physiquement les sons imaginés lors d'une lecture silencieuse. Les mots n'y sont pas alors seulement compris, ils sont, de plus, interprétés. On peut les exprimer à sa façon, par bribes ou in extenso, comme un débutant ou un expert, à la manière d'un musicien, amateur ou pro, déchiffrant ou lisant sa partition. Comme des notes de musique, on peut les exprimer pour soi ou pour les autres, on peut alors communiquer. Les interprètes de mots assemblés en textes ont d'ailleurs leurs grands prêtres comme les musiciens ont leurs grands maîtres : Barrault, Trintignant, Depardieu, Luchini... Inversement, de la même façon qu'une lecture silencieuse permet au lecteur d'imaginer une action, une ambiance, un paysage, on peut supposer le musicien capable de conceptualiser la musique couchée sur une partition, de lui attribuer de la couleur, lui donner sens et esprit. Peut-être même de façon plus fine et plus aboutie que lors de son exécution car libérée des contraintes liées à l'instrument. Mais sûrement dans les limites de l'entendement privé d'écoute... Le chant est l'enfant de ces deux là, musique et littérature. Partition et texte s'accompagnent alors, les mots sont lus et exprimés en même temps que la mélodie est parcourue et chantée, la parure de chaque syllabe est dictée par la hauteur de la note, sa durée, son enchaînement avec les notes voisines. La mélodie soutient le récit. Il arrive souvent que la compréhension du texte soit impossible et qu'alors la voix ne soit qu'un instrument de musique, sans doute le plus complexe et le plus performant de tous, mais privé d'une partie de son pouvoir de communication. Si les langues régionales et étrangères qui ne sont pas toujours comprises des auditeurs, ni même parfois des chanteurs, apportent néanmoins originalité et origines au chant, les marmonnements, chuchotis, criaillements de beaucoup de chanteurs actuels hectodécibélés ne compensent leur incompréhensibilité que par bien peu d'autres avantages (si ce n'est parfois de cacher la médiocrité du texte ?) |