mamimadi l'humeur hebdomadaire |
5 novembre - La Toussaint Se dispenser de la bienséance du culte des morts n'est pas trop facile tant les us et les coutumes de notre société judéo-chrétienne pas encore trop libérée semblent regardants sur le sujet. Malheur à celui qui n'a pas ostensiblement pleuré, a repris trop vite du bon temps, n'a pas fleuri la tombe ou le "cavurne" le jour de la Toussaint. Certaines personnes s'en échappent pourtant. Point trop de pleurs autour du cercueil, point de deuil "à faire" et jamais totalement réalisé, point de visite annuelle au cimetière ou autre jardin du souvenir. Non, juste la présence des morts dans leur for intérieur sans démonstration à usage externe, ce qui peut sembler moins convenable que les deux réunis mais qui est objectivement plus sain que ni l'une ni l'autre et plus honnête que l'inverse, la démonstration sans intériorité. Pour ces quatre configurations, le rite catholique de la Toussaint a été remplacé en quelques décennies par un geste sociétal - ou non-geste quand celui-ci n'est pas simple indifférence -, largement englouti par les deux jours de congé qui l'accompagne, voire le pont certaines années. Le "jour de tous les saints", suivi du "jour des fidèles défunts" n'est plus, pour beaucoup, que le jour des morts, de leurs morts, ou même, pour beaucoup d'autres, le jour où d'autres ont une petite pensée pour leurs morts avant de partir en vacances alors qu'eux y sont depuis la veille. La dissolution actuelle du religieux dans le laïc pourrait bien être le pendant de la dissolution inverse recherchée par la Chrétienté et par l'Église catholique quand elles détournaient les fêtes païennes à leur profit (*). Détournement non unique, tout bois pouvant faire feu, bois bien sec de la peur de la mort ou amadou des mystères du sexe par exemple. Détournements sans doute inévitables, la nature humaine semblant tellement demandeuse de Dieu et de dieux, demandeuse aussi de religions susceptibles de les y relier et de manifestations installées par celles-ci comme autant de chaînons... S'en libérer est sans doute une illusion, mais, illusion pour illusion, autant privilégier celle qui rapproche l'homme de lui-même, sa nature de la nature et ses morts de ses pensées. Sans intermédiaire ni artefact. Non ? (*) L'Église catholique est toujours sur le pied de guerre dans ce domaine puisqu'en 2002 elle a inauguré un "Holy wins" festif (ce qui est saint est victorieux) le 31 octobre pour tenter de contrer l'Halloween aux allures invasives dans ces années-là. |