Nous sommes entrés clairement maintenant dans l'Anthropocène, la première ère géologique où ce sont les actions humaines qui façonnent majoritairement la surface de notre petit Globe.
Certains prévoient une durée excessivement brève pour cette période. Le récent accroissement "exponentiel" de la population et la voracité de nombre de ses éléments épuisent les ressources de la Terre, les dégâts climatiques et écologiques détruisent et empoisonnent la biosphère. Au bout de la chaine du vivant, la vie humaine a du souci à se faire, mais l'homme, irrémédiablement insensé, ne s'en soucie pas.
D'autres misent sur le génie de Sapiens sapiens. Quand il le faudra, il saura s'extirper de la nature invivable, survivre en se virtualisant toujours plus, en s'équipant d'implants corporels mécaniques, électroniques, en cultivant en laboratoire la base nutritionnelle encore indispensable.
Je ne sais pas vous, mais, en ce qui me concerne, mon pessimisme naturel hésite entre ces deux points de vue, sans échappatoire possible, et ma curiosité non moins naturelle me donne envie de revenir faire un petit tour sur notre - encore, pour le moment - bonne Terre dans une cinquantaine d'années.
J'aimerais être assez niaiseux pour croire en ma réincarnation dans un animal, à vie éphémère telle que celle d'un papillon si la catastrophe biologique s'est effectivement produite alors, à vie bien longue telle que celle d'une méduse (**) pour constater, médusé comme il se doit, que le peu de sagesse de l'humanité aura quand même eu raison de ses folies.
Je pourrais également miser sur la force de l'esprit qui survit après la mort mais j'ai bien l'impression d'arriver trop tôt pour bénéficier de la virtualisation nécessaire...
(*) Le Robert pour entropie : "Augmentation du désordre ; affaiblissement de l'ordre"
(**) Turritopsis nutricula : "Cette méduse approche l’immortalité car, non seulement elle renouvelle ses cellules, comme d’autres méduses le font, mais elle peut retourner à un état antérieur à sa maturité sexuelle, opérant de ce fait un mécanisme de rajeunissement. Ce mécanisme s’enclenche dans des conditions de vie jugées défavorables comme le stress ou le manque de nourriture. Reste que l’animal peut tout de même mourir soit de maladies, soit des attaques de ses prédateur".