Moi, vous me connaissez, j'ai toutes les qualités, la modestie particulièrement, et je dois avouer que mes quelques défauts ne sont utilisés qu'à bon escient. S'il m'arrive par exemple de pratiquer la procrastination - vous savez, ce travers qui fait remettre au lendemain ce qu'on aurait pu faire la veille -, c'est pour mettre à profit le délai auto-accordé pour assurer un travail de qualité.
Mais pourquoi je vous raconte tout ça déjà ?
Ah oui... C'est que l'une de ces qualités est la curiosité pour toutes sortes de sujets, même les moins féconds. Je m'étonne par exemple de parvenir à m'intéresser à des Jean, Hervé ou Roselyne qui professent ce que le commun des scientifiques ou la majorité des personnes censées être sensées tient pour des aberrations. Quelques exemples : le réchauffement est une fadaise, l'Humanité a été parachutée sur notre Globe avec Adam et Ève, les fractions des molécules homéopathiques sont du placébo, Zemmour est le sauveur de la race française et Mélenchon celui du pouvoir d'achat. Les choses sont claires, n'est-ce pas, et, a priori, tout débat ressemble à une perte de temps.
Oui, mais...
L'intérêt du débat se déplace alors de son sujet vers sa possibilité elle-même. Pourquoi certains ne s'accordent-ils pas sur ce qui semble être des évidences pour la majorité ? Quelles croyances personnelles parviennent à submerger le savoir commun ? Quelles convictions plus ou moins fermes défient les sciences plus ou moins dures ? Et, plus généralement, pourquoi croit-on quand on peut savoir, au moins savoir qu'on peut croire en ceux qui savent ?
Vaste questionnement, sans doute inépuisable, bien fait en tout cas pour donner envie d'aller voir si le puits a un fond, non ?