Ouf ! Je ne suis pas malade, ce sont les résultats d'analyse qui le disent. Pas encore malade, plus précisément, les organismes de santé attendront encore un peu.
Chaque année, mon médecin traitant posté en fer de lance, ces organismes m'enjoignent d'investiguer dans ma chimie interne afin de détecter les éventuels dépassements de normes révélateurs de maladies cachées, en voie de développement et potentiellement graves.
Hémogramme aux treize mesures, glycémie, urée, créatinémie, minéraux, triglycérides, cholestérols, transaminases, gamma-GT, THS, PSA,... Rien qui dépasse, rien qui manque, tout est conforme.
Tout cela est bel et bon, mais est-ce bien raisonnable ?
Sans doute râlerais-je si les moyens actuels de prévention des maladies n'étaient pas mis au service des citoyens, de tous les citoyens. Pourtant, je crois savoir que, sauf accident, je mourrai désormais d'une maladie de vieux, programmée à quelques années près et je me demande s'il est bien nécessaire de provoquer ou d'accroître une inquiétude et même une angoisse déjà menaçantes à cette période de ma vie.
Mieux vaut prévenir que guérir, certes. Mais détecter une maladie au long cours qui provoquerait ma mort dans vingt ans réduirait à la fois la qualité et la durée du reste de ma vie par le stress généré, les contraintes et les douleurs des recherches complémentaires et du traitement, les handicaps consécutifs éventuels.
Nul doute que ces objections paraissent, elles, déraisonnables, imprégnant possiblement une tête d'autruche plongée dans le sable. Oui, on peut penser que la vie mérite d'être surveillée quand bien même cette surveillance devrait en faire perdre une partie. Et puis, le guetteur se sent tellement mieux quand il apprend que la menace n'est pas en vue...