mamimadi l'humeur hebdomadaire |
7 décembre- Aux armes, Turballais ! Monsieur le maire de notre bonne bourgade de La Turballe a décidé d'armer notre police municipale (1). Mais dites-moi : quel est donc le rôle d'une police municipale ? Selon l'ami Wikipedia, qui ne détient pas LA vérité mais peut déjà annoncer une couleur à peu près convenable, une police municipale est "l'ensemble des fonctionnaires [...] placés sous l'autorité d'un maire et qui contribue à assurer les fonctions de police [administrative (le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique)] dont est responsable l'élu local". Dans la liste des actions demandées aux policiers municipaux, on ne trouve rien qui les amène à rencontrer les malfrats du grand banditisme plus fréquemment que n'importe quel autre citoyen commun et donc, armer la police municipale revient à reconnaître au citoyen lambda le droit de s'armer lui-même. Un .375 Magnum accroché à la ceinture d'un policier municipal a-t-il un autre intérêt ? Peut-il dissuader par exemple un petit délinquant de passer de l'intention à l'acte, voire de l'empêcher de travailler dans les échelons supérieurs du banditisme ? Sans doute pour certains, pas certain pour d'autres :-) : la peur est mauvaise conseillère en général et en particulier pour les petits voyous qui peuvent provoquer le pire en pensant que le pire est à portée de main de l'homme (ou de la femme) en bleu qui vient vers lui. Quelques policiers municipaux armés peuvent-ils être un complément de proximité aux effectifs de gendarmerie et de police territoriale ? Sans doute, mais il faut alors redéfinir le rôle de la police municipale et, surtout, il faut armer et former tous les policiers municipaux, seule solution pour éviter les agressions "préventives" contre du personnel non armé mais présumé armé. Il faut surtout alors renoncer à la notion couramment admise de "police de proximité" : un citoyen ordinaire peut-il discuter et se confier à un homme armé comme il le ferait avec un ami, un collègue, voire un simple voisin ? Personnellement, le sentiment premier que j'éprouve devant une personne armée est la crainte ; crainte qu'il ne trouve quoi que ce soit à redire à ma personne, à mes actions ou à mes biens ; crainte qu'il ne se méprenne sur mes attitudes ou mes dires ; crainte qu'il n'ait pas la compétence psychologique nécessaire pour posséder un outil aussi nuisible. Mon premier réflexe est le recroquevillement physique et cérébral ... On peut même penser que le policier municipal détenteur d'une arme risque d'être moins enclin à discuter : pourquoi se contraindrait-il à un effort d'explication du bien-fondé d'une demande quand ce qu'il exhibe à la ceinture suffit à provoquer l'approbation sans condition ? À voir l'usage empreint de supériorité mal placée que certains policiers municipaux font de leur tenue et de leur grade, on peut même craindre les accès d'arrogance ... Monsieur le maire a donc décidé. Sans trop se soucier du sentiment de ses administrés sur le sujet, à ce qu'il paraît. La presse rapporte que c'est l'avis du chef de sa police qui l'a définitivement conforté dans la justesse de sa mesure. Qui ne veut entendre qu'un son ne met en branle qu'une cloche, n'est-il pas ? (1) Voir l'info dans Ouest-France |