Les radars semblent se multiplier sur nos routes et les fangios du dimanche ont du souci à se faire, ce qui est une bonne chose pour tendre vers la circulation apaisée souhaitée par le citoyen moyen qui a les moyens d'aller se promener avec sa petite auto.
Pourtant, les fangios professionnels, eux, semblent faire fi du danger pour leur porte-monnaie et leur stock de points de permis. Les grands dépassements de vitesse paraissent de plus en plus nombreux, sur les voies à 80 aussi bien que sur les quatre-voies à 110. L'automobiliste moyen déjà cité doit consulter son rétroviseur plutôt deux fois qu'une, et très loin en arrière afin de s'assurer qu'un bolide, auto ou moto, ne va pas le surprendre dans sa manœuvre de dépassement. Il peut également craindre de manquer de temps lors du dépassement d'un cycliste sur une route sinueuse, le surgissement frontal d'un hors-la-loi motorisé étant toujours possible.
La conduite apaisée n'est donc pas au rendez-vous du conducteur qui souhaite simplement aller d'un point à un autre, sans prise de risque et sans Coyote. La multiplication des radars est même un facteur d'angoisse supplémentaire car potentiellement sanctionneuse de ses petits excès de vitesse à lui. Les limitations sont nombreuses : 30, 50, 70, 80, 90, 110... Certaines voies sont revenues de 80 à 90, certains hameaux sont franchissables à 70 plutôt qu'à 50... Les changements sont fréquents et lorsque paraît le panneau avertissant de la présence d'un radar, le conducteur étourdi ou tout bonnement touriste peut se demander quelle vitesse est contrôlée : 80 ou 70 ? 90 ou 80 ? Quelques secondes de distraction à l'entrée d'une bourgade ou bien dans une longue descente laisseront quelques km/h en trop au radar embusqué ou bien oublié.
Un conducteur doit certes rester attentif à sa conduite, les limitations sont certes nécessaires et leurs dépassements doivent certes être sanctionnés, mais il y a quelque injustice à sanctionner par la même amende de 135 euros un dépassement de quelques km/h dû à la distraction et un dépassement volontaire de près de 20 km/h. À notre époque d'informatique centralisée, pourquoi ne pas appliquer des amendes proportionnelles à l'infraction, payable dès qu'une certaine somme est atteinte ? On peut rêver...