mamimadi l'humeur hebdomadaire |
26 décembre - Crèchi crècha J'ai donc installé comme d'habitude ma petite crèche de Noël dans mon petit appartement. Le bœuf et l'âne surveillent Joseph et Marie attendant le petit Jésus. Pour de vrai, le petit Jésus est déjà sur sa paille par crainte de ne pas le retrouver le jour J. Bizarrement, je me demande pourquoi on ne parle généralement pas de "l'âne et le bœuf" ni de "Marie et Joseph", comme s'il fallait donner une prépondérance au plus gros et au plus fort, peut-être aussi donner quelque importance au boeuf qui devait se faire bien rare dans ces contrées et à Joseph qui a joué un rôle un peu pâlot dans cette histoire. Les bergers sont déjà arrivés avec leurs moutons, le renne du Père Noël également, en avance d'un couple de millénaires, avec son chariot mais sans le Père Noël apparemment resté dans son siècle. Les trois rois mages manquent encore, sans doute occupés aux achats de cadeaux pour le petit Jésus mais plus vraisemblablement égarés au fond de quelque tiroir poussiéreux. J'ai installé ma crèche parce que, faute de cheminée, les enfants y présentent leurs petits souliers virtuels, qu'il n'y a donc pas chez moi de Père Noël sans petit Jésus, pas de petit Jésus sans l'Église romaine, catholique, apostolique et finalement bien française de mes parents, pas de cette Église sans les grands personnages qui ont construit le "récit national" comme on dit maintenant ni les petites personnes qui l'ont constitué, de bien avant les Gaulois jusqu'à nous. Du constat d''une petite nécessité émerge donc une constatation sans doute abusive et fumeuse, mais aux allures de problématique bien plaisante : installer la crèche dans mon appartement à Noël, c'est un peu hisser le drapeau national au balcon le 14 juillet, un geste citoyen rappelant une histoire dont on ne peut effacer les colorations religieuses, jugées heureuses ou malheureuses selon les époques et les convictions actuelles. Que ma crèche soit confinée dans un espace privé n'est pas une objection puisque le drapeau national est dans ma tête et que je promène cette tête dans l'espace public sans particulier ni voile. |