mamimadi l'humeur hebdomadaire |
21 mars- Hoëdic Et voilà, il est fait ce premier tour de ma petite île préférée. Oh, bien sûr, il y en a de plus près, comme l'île Dumet ou bien de plus belle comme Belle-Île, mais je n'en connais pas de plus authentique, au moins tant que ses transformations restent contenues dans les limites de sa nature ou d'une nature qu'on voudrait lui voir conserver. Hoëdic semblait attendre ma petite visite depuis quelques jours déjà, tout à fait à portée de mon petit voilier poussé par des vents venus du nordet. sur une mer assagie et sous un ciel sans nuages. Et puis non, faut pas rêver non plus. Hoëdic, il faut la mériter, après tout. Après une semaine plutôt ensoleillée et une autre semaine du même calibre, c'est une météo grise et venteuse qui m'a accompagné sur ces deux jours, un temps un peu frisquet en l'absence de soleil, une navigation un peu virile sur les moutons salés de l'aller et pendant les longs bords riches en auloffées du retour. Est-ce l'atmosphère un tantinet tristounette ? Hoëdic m'a paru un peu terne. Des couleurs un peu froides, vu la météo ; peu de vie, le temps des touristes restant à venir. Les cafés sont fermés, trois voiliers hantent le port d'Argol, deux pêcheurs s'activent sur leurs embarcations de labeur, la navette vaque ... La vie de tous les jours sans doute quand nous autres, plaisanciers, ne la déréglons pas. Parce qu'en y regardant bien, en oubliant l'invasion estivale, l'île est bien vivante. On s'y promène, on y travaille surtout, dans tous les coins, dans les jardins à la terre légère, dans les maisons en entretien courant, sur les maisons elles-mêmes à en juger par le nombre de restaurations en cours. Le fort est en travaux, de nombreux agneaux sont venus enrichir le cheptel des brebis à demi parquées dans les hauts - enfin dans les parties les moins basses de l'île -, les colonies de faisans hésitent à se pousser devant le pas du promeneur, la lapins fuient plus vigoureusement dans la lande ... Hoëdic vient de subir les deux mêmes coups de vents que le continent, le premier, habituel, du sud-ouest, le second, plus rare, de secteur nord. L'empreinte de la première agression est bien sûr visible sur la côte sud de l'île, mais, parce que plus inattendues, les dégradations de la côte nord m'ont particulièrement frappé. Sur les petites plages, une bonne épaisseur de sable a été emportée, découvrant de nouvelles chaussées de roches ; des pans de falaise sont tombées à la mer, interrompant ici ou là le petit sentier côtier forgé au gré des pas des promeneurs. Et voilà, il est fait ce premier tour. D'autres ne sauraient tarder, m'emmenant en pointillé de l'île hivernale un peu assoupie à l'île estivale un peu excessive. La proue de mon petit bateau piaffe déjà de se la mettre en ligne de mire ... |