mamimadi l'humeur hebdomadaire |
11 janvier- Barbruel Pathétiques, ils sont pathétiques tous ces vieux chanteurs accrochés à leurs micros comme la bernique à son rocher. Les vagues médiatiques les caressent dans le sens du poil, les empêchant de voir qu'ils ne sont plus sur le bon rocher. Le filet de voix cassée de l'actuel Aznavour n'a rien a voir avec la voix pleine de rythme qu'il nous offrait voici quelque trente ans. Johnny vocifère autant mais chante faux de plus en plus souvent. Serge Lama a toujours chanté faux mais il le fait nettement moins bien en vieillissant. Julien Clerc ne parvient plus à chanter ses propres compositions dès qu'il doit monter dans la gamme. Dutronc, Mitchell, Souchon, Higelin, le père Chédid, Jonasz, Perret n'ont plus de voix ; Sardou, Guichard, Le Forestier, Fugain ont stratifié celle qu'il leur reste ; Lenorman, Villard, Adamo ... On peut avoir beaucoup de respect, voire d'admiration pour les idoles qu'ils ont été, pour la carrière qu'ils ont construite et apprécier modérément leurs prestations actuelles. Notre société a inventé le temps de la retraite, un temps auquel il est possible d'attribuer des tas de fonctions, dont celle de permettre aux acteurs de la vie économique devenus incompétents d'en sortir. Une sortie variable selon les métiers et les individus, rien n'est fatidique bien sûr, ni l'incompétence, ni les possibilités d'adaptation, mais nos chanteurs devraient y penser avant de pratiquer l'acharnement vocal. On me dira que ce sont les fans qui retiennent leurs idoles de quitter la scène, que c'est la loi du marché : ils chantent tant que la demande est là. Sans doute, sans doute, mais ces fans ne peuvent que se complaire dans l'illusion de l'immobilité du temps, immergés qu'ils sont dans la mousse médiatique battue et rebattue autour des poules aux œufs d'or. Bizarrement, cette humeur un peu triste - encore - ne vient pas uniquement du spectacle affligeant d'un vieux dynosaure chantant. Non, c'est un jeune, enfin un touche à tout pas encore trop vieux qui a fourni l'étincelle qui m'a éteint : Bruel chantant Barbara. La voix cassée, ras la glotte, évoquant la voix claire, aérienne ... |