mamimadi l'humeur hebdomadaire |
30 mai- De la honte au front
Comment dire ?... Eh oui, j'ai honte d'être Français. Vraiment. Sincèrement. Sans honte de cette honte. Je revois ce vieux Hollandais me disant, hautain et condescendant, voilà plus de 30 ans : "Vous les Français, vous êtes des petits, des rigolos". J'étais jeune à l'époque, enfin un peu moins vieux que maintenant, et j'ai baissé la tête par respect envers les vieux qu'ont de l'âge. Aujourd'hui, après bien des années de vie dans un pays où s'enchevêtrent les habitudes sociétales, les règles économiques et les lois républicaines, où se meuvent les pions des égos dans les masses moutonnières, aujourd'hui où cette vie semble se figer dans des contradictions venues de loin, amplifiées selon les vents politiques ou syndicaux, paroxysmées lors de grands clashes dont les médias se repaissent, aujourd'hui donc, je me demande si le vieux con hollandais n'avait pas raison. Parce qu'enfin, voilà une France régie par un Président "tout va bien" et son gouvernement "menton levé et petit bras", défiée par un moustachu, regard noir et dents longues, paralysée par des salariés majoritairement privilégiés, vandalisée par des bandes de petits voyous cagoulés en mal d'émotions fortes, défendue par des forces de l'ordre désordonnées comme les pipes du casse-pipe après la foire, endormie debout par des gens qui prétendent que discuter la nuit est plus efficace que penser le jour ... Oui, j'ai honte en imaginant le sourire moqueur des Allemands condescendants, des Anglais suffisants, des Chinois envahissants ... Parce qu'ils ont raison : occupons-nous de nos affaires et occupons-nous en bien avant d'aller prêcher la liberté, le droit-de-l'hommisme, la tolérance, la justice, l'honnêteté, bref tous ces attributs de la démocratie idéale que nous ne sommes pas en mesure de pratiquer. Quand le donneur de leçons patauge dans sa tempête hexagonale, c'est la risée globale qui lui porte l'estocade. Voilà, j'ai vidé mon sac, ça va mieux, merci. La bile consommée et les nerfs apaisés, la tête peut penser que, finalement, le ridicule n'a jamais tué qu'éventuellement associé à des tares beaucoup plus dangereuses menant aux folies guerrières. Folie des grandeurs, haine de la différence, fanatisme de tout ordre. Humiliation exacerbée et inconsistance politique aussi ... Par bonheur, la honte semble monter difficilement au front du personnel politique.
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