mamimadi l'humeur hebdomadaire |
6 février- Manger du canard Faut-il se priver de nourriture quand la seule nourriture disponible est avariée ? Sans doute convient-il de le faire si l'indisponibilité de nourriture saine est installée dans le temps, le risque de mort lié à l'abstinence devenant plus grand que celui de dérangements gastriques lié à la consommation malsaine. Faudrait-il se priver de vote si le personnel politique étalé devant les urnes se révélait définitivement pourri ? Le risque pour la démocratie en mal d'élection salubre est un peu du même ordre que le risque pour un organisme en mal d'alimentation saine. Au bout du désespoir, la pénurie ne risque-t-elle pas dans les deux cas de précipiter organismes et démocraties vers des alimentations et des politiques encore plus corrompues et mortelles ? Pour éviter cette extrémité à la démocratie, certains envisagent de recourir cette autre extrémité qu'est le vote obligatoire. Votez ! C'est pas bon ? Mangez quand même, et même si ça vous fait mal, c'est pour votre bien ! Pas sûr que devoir choisir entre corruption et pourriture ne conduise à se jeter finalement dans le vide ... Par bonheur, nous n'en sommes pas là et l'apparence "tous pourris" pourrait n'être qu'un effet de loupe de la sphère des médias dans une atmosphère devenue ultra-médiatique. Sans doute les moyens d'information doivent-ils dénoncer les produits avariés et les vecteurs de pourrissement, avec le maximum de détails pour que le citoyen puisse en juger, mais sans redondance, sans donner l'impression de submersion tsunamiesque. Sans doute les moyens de divertissement peuvent-ils se moquer de tout, y compris du personnel politique, mais là encore sans écraser la tête du clou qu'on se propose d'enfoncer. Bizarrement, le citoyen moyen, abreuvé de scandales jusqu'à plus soif par les médias d'information, n'accorde pas aux dits médias plus de crédit que ça. Un sondage de ce jour montre que les Français adorent aller aux news, presse, radio, télé et internet réunis, mais sans y croire vraiment. Ils adorent manger la pomme tout en pensant que le ver est dans le fruit. Sacrés Français ! Ils vont même jusqu'à plébisciter ces derniers jours le plus grand hebdomadaire de désinformation français, plus grand non par le nombre de ses quelques feuilles, mais par l'importance de ses déchaînements de canard ensauvagé. Ils ne semblent pas près de se passer de nourriture quand bien même ne lui resterait que la carne du canard décharné. |