mamimadi l'humeur hebdomadaire |
27 février- Affaires de temps Avez-vous remarqué que la rédaction d'un courrier un peu délicat ou d'un texte un peu travaillé est plus facile à l'approche de la "dead line", du moment au-delà duquel elle devient inutile ? Il m'arrive très régulièrement de me poster devant mon petit clavier dans cette intention avec l'agréable sensation d'avoir le temps ; je constate qu'alors, ça ne marche pas, les idées font la gueule, les phrases ont mauvaise tournure, bref : la mayonnaise ne prend pas. La reprise du même travail après les quelques jours me rapprochant de sa date limite d'utilité me place généralement sur un grand boulevard citadin quand tout le monde est à la plage : les mots déboulent sur les pavés, les phrases déroulent leurs sens sous le clavier. J'ai longtemps cru que pour ce genre de réalisation comme pour beaucoup d'autres, il fallait le temps de la maturation, le temps des nuits où le disque mou se réorganise, nettoie, compare, élimine, et le temps des petits matins où remontent les bulles éclatantes d'évidences, où flashent les "bon sang mais c'est bien sûr". Et ça n'est sans doute pas faux. Je pèse pourtant ce matin l'importance de l'urgence dans cette affaire, l'urgence génératrice de bon stress, celui qui mobilise les neurones, les rend un peu plus vifs et performants. Fifty-fifty alors ? Un temps - une durée - pour faire le plein et un temps - un instant - pour lancer le moteur ? Et c'est parti dans la belle auto ... Pour suivre une idée qui me trottait depuis quelque temps, j'ai réalisé avoir possédé huit véhicules en presque cinquante ans. Plus de six années par véhicule, peut-être cent soixante mille kilomètres pour chacune d'elles, mon empreinte carbone aura été désastreuse mais j'ai commencé bien avant qu'on sache qu'elle existe et je continue faute de pouvoir vraiment faire autrement. Quelques petits accidents de santé pour chacune de ces voitures que j'ai pu revendre d'occasion. Toutes, sauf une qui m'a fait un gros AVC dès ses 30000 kilomètres, que je je devais piquer à l'éther à chaque premier démarrage quotidien, que j'ai pourtant gardé plus longtemps que toutes les autres avant de la faire débiter à la hache par des ferrailleurs pas vraiment pros. L'idée trottinante était qu'il en est un peu pour les gens comme pour les voitures : leur bon parcours de vie doit beaucoup à la chance. De la même façon qu'une auto bichonnée, entretenue et respectée peut se retrouver assez tôt le moteur cassé alors qu'une autre, propriété de goujat mécanique peut caracoler sans problème jusqu'à sa revente, une personne soucieuse de son hygiène de vie peut devoir affronter une maladie grave qu'une autre, pourtant pas regardante sur les excès, ne subira jamais. Ça n'est pas juste, bien sûr, mais surtout pas logique, ce qui est plus grave tant les défis à la raison sont plus hermétiques que les défis à la justice. Non ? |