On nous dit que les temps à venir seront difficiles, qu'il va falloir nous serrer la ceinture et, dans un premier temps resserrer les robinets des énergies pendant l'hiver qui approche. On nous prévient que, même devenus chers, mazout, gaz et électricité risquent de manquer si nous nous chauffons, lavons, cuisinons, entretenons, nous divertissons, nous prélassons, bref si vivons comme d'habitude. Il va falloir jouer serré. Tout le temps. Et pour longtemps.
Mais comment faire ?
Eh bien, c'est le moment où les conseilleurs médiatiques s'en donnent à coeur joie. Baisser la température des logements, mettre des couvercles sur les casseroles, couper l'alimentation des appareils non utilisés, éteindre l'éclairage dans les pièces non occupées, utiliser le lave-linge à l'eau froide et le lave-vaisselle quand il est plein, sécher son linge à l'air libre, utiliser le balai plutôt que l'aspirateur, la serpillière plutôt que le balai-vapeur,...
OK, rien que du bon sens si la température habituelle n'est déjà pas très basse, si le linge habituel se passe d'eau chaude, si l'espace où étendre le linge est disponible, si... Mais on nous dit que toutes ces précautions risquent de ne pas suffire pour éviter les coupures d'électricité si tout le monde utilise ses appareils électrivores en même temps. Et les conseilleurs de poursuivre en recommandant de bien faire attention de ne pas utiliser les appareils les plus puissants lors des heures de forte demande d'électricité.
Et c'est là que tout s'embrouille apparemment pour certains présentateurs-commentateurs de la télévision (entre autres) qui semblent confondre kilowatt et kilowatt-heure, puissance (disponible) et énergie (consommée). Oui il est préférable d'utiliser un appareil de 3 kW s'il fait le même travail pendant 1 heure qu'un autre appareil de 2 kW utilisé pendant 2 heures. Et oui il vaut mieux utiliser pendant les heures de pointe l'appareil de 2 kW plutôt que celui de 3 kW pour éviter les ruptures d'alimentation.
Certains vieux profs de physique-chimie doivent actuellement rire jaune dans leur barbe grise en pensant aux nombreux élèves qui leur disaient ne pas trop aimer cette discipline parce que jugée peu concrète. Quoi de plus concret pourtant que d'imaginer par exenple (oh l'oxymoron ! ) l'énergie nécessaire pour agiter les molécules d'eau dans la casserole posée sur le gaz jusqu'à atteindre la température souhaitée tout en évitant à l'aide d'un couvercle que certaines, ayant reçu trop d'énergie, se libérent de l'élément liquide et perdent l'énergie reçue dans l'environnement immédiat ? Chauffage par radiation ou chauffage par convection ? Puissance ou énergie ? Tension ou intensité ? Le bon sens ne suffit pas toujours, quelques notions basiques de physique-chimie trop facilement zappées au lycée aident grandement à prendre les bonnes décisions en ces temps de restrictions énergétiques. Les moins mauvaises en tout cas ?