31/10/2022 - Émotions

     La beauté peut émouvoir profondément le péquin vieillissant pourvu qu'il ne soit pas trop moyen. Et sans crainte de ridicule, savez-vous ? Attendez d'atteindre le grand âge, vous verrez... C'est du moins ce qu'on peut vous souhaiter ; d'éprouver le poids des ans bien sûr, mais aussi de pleurer devant la beauté qui tord les âmes.

     Peut-être est-il même possible d'ajouter que c'est souvent lorsqu'on se sent bien que les yeux s'embrument, les plongées dans le dur retirant alors l'oxygène nécessaire aux émotions esthétiques.

     Une photo aux couleurs d'automne, une musique un peu nostalgique, une peinture chargée de vibrations, un texte qui résonne, un discours qui raisonne,... et voilà le bonhomme déstabilisé, bousculé en des transports hors de contrôle.

     Et point n'est besoin que la photo gagne des grands prix, que la musique ou la peinture soit célèbre, que le texte soit parfaitement léché, que le fond du discours soit totalement recevable. Non, il suffit que l'indispensable en émerge, une émotion éventuellement justifiable a posteriori : j'aime ce que je perçois là, maintenant, peut-être parce que la chaleur des couleurs, le toucher du violoncelliste, le rythme des phrases, le ton bienveillant de l'orateur,..., parce que... parce que !

     Parce que peut-être le bouleversement vient vite lorsque les mémoires sont bien pleines de la vie d'avant et/ou lorsque que la vie libérée du présent obligé donne le temps d'apprécier dans le fatras quotidien les perles qui vont bien. Puisés à l'intérieur ou glanés à l'extérieur, les grains de bonnes émotions submergent alors plus facilement les ivraies empoisonneuses d'existence.

     C.Q.F.D. Non ?

Bord de mer (Signé Felyn, 10 ans)