Il semble que mes petites humeurs hebdomadaires ont tendance à s'étaler excessivement depuis quelque temps et l'envie me prend cette semaine de tenter de faire court, envie idéalement confortée par le thème qui agite actuellement mon petit neurone : la longueur des mots dans nos conversations.
Chacun sait que le mot français le plus long est "anticonstitutionnellement", que le plus court qui ne soit pas un symbole ou une unité est "a" (et non "à" qui s'amplifie d'un accent aggravant son cas), que les mots du dictionnaire comportent en moyenne 10,08 caractères alors que les mots couramment utilisés n'en comportent que 5, environ.
Cinq, c'est peu, n'est-ce pas ? Les statistiques confirment l'observation courante. On consulte l'otorhino, l'ophtalmo (pour ne pas choisir entre logue et logiste ? ;-), le psy ou le kinési, voire le kiné (mais pas le ki pour ne pas confondre avec le chiropracteur ? ;-).
Vrai que le pli est pris dès l'école où les profs enseignent les maths, la géo, la techno, la philo, l'éco, ho, ho, ho ! Devenus grands et bac en poche pour la fac, les ados prendront un appart pas trop dégueu avec ou sans clim, avec ou sans coloc plus ou moins sympa mais avec frigo pour les glaçons de l'apéro, iront au ciné, au resto, à leur partie de bad ou bien à la manif soutenir les écolos.
Et lorsque la construction d'un diminutif suppose un gap trop important, l'apparente paresse langagière trouve plus cool de puiser dans le vocabulaire étranger, généralement anglais. On fait un break, censé être un chouïa plus court que faire une pau-ause
Paresse apparente seulement puisque dans le même temps et dans certains cas on va préférer les mots les plus longs et les expressions les plus alambiquées. On ne s'attaque plus à des problèmes mais à des problématiques. On ne cherche plus, on fait des investigations. On ne connait plus l'interrogation qu'avec le déprimant "Qu'est-ce que...". On ne décrit plus sans "Il y a...". Alléluia ! Il semble qu'on n'ait plus désormais la possibilité de pouvoir éviter ces rallonges tant elles imprègnent nos conversations et nos écrans.
Mais je délaye, je tartine, je circonlocutionne une fois de plus alors que je visais la brévitude. Zut !